Une publicité à la télévision sur une assurance décès a fait réfléchir Anissa. Elle a directement pensé à ses enfants. Elle ne veut pas qu’ils aient à s’occuper de ses obsèques au moment de sa disparition.

La publicité dans la marchandisation de la mort

Apparues il y a trois décennies, les publicités funéraires mettent en avant des personnes dans leur quotidien auxquelles les téléspectateur·rice·s s’identifient. Si les stratégies marketing sont diverses, elles ont un point commun : jouer sur les sentiments et les émotions. Les professionnel·le·s essayent de rendre leurs produits indispensables, quitte à faire culpabiliser leurs futur·e·s client·e·s.

Pompes funèbres : la promotion par l’émotion

« Pour mes obsèques, j’ai tout prévu » : c’est l’un des slogans qui est régulièrement utilisé dans les publicités des assurances, des banques et des entreprises de pompes funèbres pour vendre des assurances obsèques et décès. Ces publicités funéraires sont arrivées progressivement dans le secteur de la mort.« Elles apparaissent au début des années 1990 sous forme d’encarts publicitaires, publiés dans les journaux puis sous forme de spots publicitaires à la fin de la décennie, par petites doses, parce qu’il ne fallait pas choquer », explique Laurence Hardy, interrogée par nos reporters à l’école de la formation en travail social Askoria à Rennes. La sociologue est à l’origine de La mort, un commerce comme les autres ?, un article universitaire de 2005, dans lequel elle revient sur les débuts de la marchandisation de la mort.

Selon l’Institut national des études démographiques (Ined), le nombre de décès s’élèvera à près de 770.000 par an vers 2050 contre 587.000 en 2015.

La sociologue y évoque notamment la loi du 8 janvier 1993 abrogeant le monopole communal des pompes funèbres. Elle a été à l’origine de la marchandisation de la mort et de son entrée dans le secteur concurrentiel. « Cela a été, avec  l’arrêt des classes d’honneur qui étaient régentées par l’Église catholique, un des éléments importants de la marchandisation de la mort », nous explique Laurence Hardy. En effet, plus les familles étaient riches, plus les sépultures étaient célébrées avec apparats et grands décors. Elles restaient également fidèles à la même entreprise de pompes funèbres, « d’une génération à l’autre » et « sans qu’il y ait une volonté de "faire jouer" la concurrence ». Avec la multiplication des offres, les familles se montrent aujourd’hui plus sensibles à la prévoyance obsèques. « C’est pour cela qu’on voit de plus en plus de publicités mais pas tellement aux heures de grande écoute », souligne Laurence Hardy qui présage une intensification de la diffusion de ce type de publicités en raison de « l’enjeu démographique, du nombre de décès qui va progresser et des familles qui sont de plus en plus dispersées géographiquement ».
 

1990, c'est la décennie durant laquelle la publicité funéraire a fait son apparition.

3,9 millions de contrats étaient en cours fin 2014, dont 492 400 souscrits cette année-là.

Icone d'église

22% des personnes décédées en France en 2014 avaient souscrit à un contrat assurance obsèques.

50 à 70 ans, c'est la tranche d'âge visée par les publicités funéraires.

« Nos enfants vont nous détester »

Les pompes funèbres n'ayant pas le droit au démarchage direct par courrier ou par téléphone, les publicités télévisées sont leur seul moyen de façonner l'image de l'entreprise dans l'esprit du·de la téléspectateur·rice. Il y a donc un processus de mise en scène pour faire culpabiliser au plus vite celles·ceux qui n'ont pas entamé les démarches. Le but est de jouer sur les sentiments, de créer un choc et de laisser penser que ce sont les services proposés qui pourront réparer ce stress autour de la préparation des obsèques.

« Nous sommes dans la sensibilité humaine. Dans ces publicités, il y a une certaine forme de mise en scène. Le message est clair : si l’on ne prépare pas ses obsèques, nos enfants vont nous détester », constate Michel Kawnik, président de l'Association française d'information funéraire (Afif). Ce dernier s’est lancé en 1992 dans la création de cet organisme de consommateur·rice·s pour défendre les personnes en deuil face aux entreprises qui poussent excessivement à la consommation.

Avec toutes ces publicités, Anissa se sent un peu sous pression. Elle a peur de se faire abuser. Après s’être renseignée auprès d’entreprises, elle a vite constaté que leurs stratégies anxiogènes fonctionnaient à merveille.

Comment le secteur funéraire transforme la mort en service ?

En quelques secondes, le·la téléspectateur·rice entre en introspection en regardant les diverses publicités funéraires : que se passera-t-il lorsqu’il·elle disparaîtra ? Nous avons analysé quatre publicités pour comprendre les différentes stratégies.

La première publicité présentée joue sur l'intime. Une histoire est racontée : un couple a souscrit une assurance. « Mes proches seront tranquilles », s'exclame l'un·e des protagonistes. Le message est clair : ne rien préparer équivaut à laisser ses proches dans l'embarras. Tout paraît simple. Cependant, une phrase, en bas de l'écran, est particulièrement révélatrice de l'intention de ce type de publicités : « Le capital ne peut pas suffire à couvrir l'intégralité des frais d'obsèques ». Laurent Bohu, professionnel de la communication, analyse cette situation : « Le spot fait tout pour libérer les gens de l'angoisse mais montre qu'ils vont faire un achat à crédit de leurs funérailles. Les protagonistes sont jeunes, ils peuvent ainsi prendre un capital plus élevé puisqu'il leur reste normalement de nombreuses années à vivre. On transforme la mort en service ».

La deuxième publicité a une approche davantage moralisatrice. Une jeune femme regarde directement dans les yeux le·la téléspectateur·rice et raconte son expérience comme s’il s’agissait d’une histoire entre ami·e·s, en toute confiance, en toute franchise : « J'ai été confrontée au décès d'un proche, comme tout le monde. J'ai réalisé qu'il fallait organiser mes obsèques ». L’expression « comme tout le monde » illustre bien la volonté des services marketing de pompes funèbres de laisser penser à leurs potentiel·le·s client·e·s, de façon abusive que, si ils·elles ne font rien, ils·elles seront marginaux·ales et irresponsables.


Autre mise en scène dans la troisième publicité. À travers une succession de lieux, l'homme retrace les événements de sa vie auxquels il ne s'attendait pas. Sauf sa fin de vie : « Pour mes obsèques, j'ai tout prévu ». Le discours est basé sur la nécessité de tout prévoir, un slogan qui a pour ambition de faire réfléchir. Le fait d’être responsable est mis en avant par la rétrospective de la vie de l'individu·e. L’idée est qu’on peut laisser le hasard décider de certains événements de sa vie mais pas de sa mort. On pourrait presque contrôler sa mort. Il serait donc irresponsable de ne pas l’anticiper.

Dans une ambiance anxiogène et dramatique, la dernière publicité sélectionnée tente elle aussi de culpabiliser le·la téléspectateur·rice : des enfants sont au bord des larmes avant que leur grand-père ne se réveille subitement. La phrase « Mieux vaut les surprendre aujourd'hui que plus tard » montre que la notion de famille est importante et qu'il faut penser à celles·ceux qui restent après le décès d'un·e proche. Le sentiment de responsabilité apparaît comme un élément majeur.

Une évolution des profils

À leurs débuts, les publicités funéraires étaient loin de ressembler à celles sélectionnées pour ce zapping. Elles mettaient en scène uniquement des personnes âgées. La sociologue Laurence Hardy a constaté qu’au début des années 2000, le profil du·de la souscripteur·rice était une femme, de préférence veuve ou célibataire. Il s’agissait d’une manière de les sensibiliser à la préparation de leurs obsèques. Ces spots ont évolué au fil des années, en représentant aujourd'hui une plus large partie de la société allant des petit·e·s-enfants aux grand·e·s-parent·e·s.

Aujourd’hui, tous ces spots ressemblent à n’importe quelle autre publicité. Ils se banalisent.« Les codes de ces publicités sont les mêmes que dans celles pour des joailliers par exemple, il s’agit d’ancrer les protagonistes dans leur vie de tous les jours. Nous pouvons le noter, il n'y a jamais de croque-mort. Tout est fait pour ne pas effrayer mais rassurer », analyse Laurent Bohu. La prévoyance obsèques apparaît donc comme un produit de consommation comme un autre, accessible à tout âge de sa vie d’adulte sans angoisse, sans pleurs. Les publicitaires enlèvent la tristesse. Le mot « mort » n’est, par exemple, jamais employé.

Contrats obsèques : avant tout un produit marketing

Les pompes funèbres et les assurances emploient les mêmes procédés que les autres entreprises. On retrouve dans les spots des témoignages d’expériences mais aussi des codes graphiques similaires : les gros plans, le flou, le regard. Les sens des téléspectateur·rice·s sont utilisés et leurs émotions sollicitées. Les publicitaires gomment l’image de la mort pour vendre de la sérénité. « L’émotion [...] dépend d’un processus d’évaluation subjectif. Ce qui marche c’est lorsqu’il y a une combinaison d’émotions positives et négatives », explique Mathieu Lajante dans un article de Stratégies du 15 décembre 2016. Maître de conférences à l’Université de Rennes 1, il a soutenu en 2013 une thèse sur les neurosciences dans la persuasion publicitaire. La dernière publicité visionnée est un bon exemple. Le·la téléspectateur·rice passe d’un sentiment d'inquiétude à l'humour. Sans le son, certaines campagnes pourraient être adaptées à n'importe quel produit.

On retrouve également dans ces publicités des standards. Les prix ont une importance et sont mis en avant. Certaines assurances proposent des offres comme « trois mois offerts » ou « à partir de 3,98 euros par mois ». Ces techniques pour inciter le·la client·e à consommer, ne sont pas propres au marché funéraire. Les contrats d’assurances habitation ou les abonnements en salles de sport y ont recours. Dans ce marché, le·la souscripteur·rice s'occupe lui·elle-même de ses funérailles. C’est ainsi une aubaine pour faire jouer la concurrence. Son choix va porter sur les services des entreprises mais aussi sur ce que cela va lui coûter. Une possibilité à laquelle on ne pense pas dans la précipitation d'un décès. « Les gens penchent en amont vers ce qu'il y a de plus cher car ils ont le temps. C’est commercial », souligne Laurent Bohu.

« Environ dix contrats à vendre par an »

Le marketing est très développé au sein des entreprises de pompes funèbres et des assurances. Le·la souscripteur·rice est considéré·e comme un·e client·e. Laurence Hardy a travaillé, pour sa thèse, dans les années 1980, dans une société de pompes funèbres. Elle constate que la situation n’a pas évolué : « Les objectifs étaient chiffrés. Il fallait espérer, c'est malheureux à dire, de voir des clients. J'avais des consignes pour proposer les services les plus coûteux ». Ces objectifs sont toujours d’actualité sur un marché funéraire estimé à 2,5 milliards d’euros de chiffre d’affaire en 2015, par l’Insee. Or, les professionnel·le·s de la mort préfèrent se qualifier « d'accompagnants ». Nous avons interrogé la responsable marketing d’un groupe d’assurances français. Elle définit la prévoyance obsèques comme « un cadeau pour les proches ». L’idée de business reste un sujet à controverses. Plusieurs entreprises n’ont pas souhaité répondre à nos questions.

La plupart des banques ont également fait leur place sur ce marché florissant. Serge Laniesse a proposé pendant 30 ans des assurances dans une enseigne bretonne, avant de partir à la retraite : « Un conseiller pouvait avoir environ dix contrats à vendre par an. Cela peut paraître peu mais, rapporté au nombre de conseillers en France, c'est un chiffre important ». La prévoyance est donc installée avec 492.400 assurances obsèques souscrites en 2014, (soit 5 % en plus par rapport à l’année précédente, selon l’Association française de l’assurance). Ces chiffres devraient continuer à augmenter avec la croissance démographique.

Tous ces renseignements ont conforté Anissa dans sa conviction que certaines sociétés de pompes funèbres manipulent parfois leur coeur de cible. Dans ses démarches, elle a tout fait pour éviter de se faire avoir.

J’aimerais une belle mort. Passionnée par la mer, je souhaite que ma tombe reflète mon envie d’évasion, que ce soit présent sur l’édifice. Le coût financier, lui, m'importe peu.

la mort leur va si bien

Soins de conservation, maquillage, cercueil ou encore stèle personnalisée : du corps à la pierre, rien n’est laissé au hasard lors de l’organisation d’un enterrement. Si l’esthétique a pris une place prédominante dans nos sociétés actuelles, il semblerait que la recherche de la beauté persiste, même après notre mort.

Anissa a toujours fait attention à son image. Après sa mort, elle aimerait que l’on se souvienne d’elle comme une femme forte et compte bien imposer ses choix pour ses funérailles.

Amour, mort et beauté

Cercueil au cœur d’un ring de boxe, cendres envoyées dans l’espace, défunt·e transporté·e par des chevaux, cortèges funèbres, et acteur·rice·s pour pleurer la mort de son proche, rien n’est trop élégant pour une « belle mort ».

« Nous ne faisons pas d’enterrements basiques, chacun doit vivre une expérience unique. Si quelqu’un veut se faire enterrer en dunkant, on peut le faire ; si quelqu’un veut sauter d’un avion, on peut le faire », s’exclame la voix du spot de présentation de Golden Gate Funeral, une entreprise américaine de pompes funèbres. Si en France, ces démonstrations restent exceptionnelles, aux États-Unis, la recherche de l’esthétisme est poussée à son paroxysme. « Les personnes peuvent être exposées dans des vitrines sur des fauteuils. Il est également possible de passer devant une chapelle et d’observer un corps exposé sur une moto, s'il aimait bien cette activité », indique Laurence Hardy, sociologue et auteure de l’article La mort, un commerce comme les autres ?.

Deux raisons principales expliquent ce phénomène. D’un côté, il y a le respect de la volonté de la personne défunte. De l’autre, il s’agit d’un transfert de l’affection pour des proches sur la qualité et le niveau tarifaire des funérailles. Selon l’Association d’information française funéraire (Afif), l’enterrement représente la troisième dépense après l’habitat et la voiture. Même avec peu de moyens, certaines personnes sont prêtes à débourser sans compter pour cette « dernière dépense », comme si une belle mort constituait un passeport pour le paradis.

Mais quelles sont les formules « originales » proposées par les pompes funèbres ? Pouvons-nous être beau·elle jusque dans la mort ? Et à quel prix ? S’il faut, en France, compter en moyenne 4.500 euros pour un enterrement et 3.500 euros pour une crémation, la facture est bien souvent plus élevée.

Aujourd’hui, le deuil dépend du portefeuille et ce n’est pas près de s’arrêter. Le marché de la mort est impérissable. En 2017, 603.000 décès ont eu lieu en France. Ce sont 603.000 prestations possibles.

Des pratiques funéraires construites socialement

Les « bonnes » pratiques funéraires, les « beaux » hommages sont des constructions sociales et historiques.

Pour certain·e·s, il s’agit d’une mort luxueuse. Pour d’autres, simplement d’une mort jugée digne.

« Avoir une belle mort, c'est déjà avoir bien vécu ».

« Avec des fleurs aussi ».

« On s'en fout, on la voit pas ! Un peu de respect ».

« Ni fleur ni couronne, c'est clair. Rien. Rien de tout ça ».

« Faire la fête, faire une belle scène. Ouais, faire la fête ».

« Soudainement, comme ça, là. On se met sous une voiture, on n’en parle plus ».

La notion même d’esthétisme du corps a évolué au gré des traditions, des époques, mais aussi des religions.

Aujourd’hui, les traits des défunt·e·s sont maquillés, les caractéristiques de la mort camouflées. La thanatopraxie, ou l’art de conserver les corps, consiste à prodiguer des soins aux défunt·e·s pour les préserver de la décomposition naturelle. Selon Laurence Hardy, la pratique s’est développée en partie après la fin de la Seconde Guerre mondiale pour que les familles ne gardent pas des images traumatisantes des victimes. Plus qu’un soin, la thanatopraxie permet de protéger la sensibilité des vivant·e·s, facilitant ainsi le deuil des proches. Laurence Hardy raconte qu’« avant, une belle mort c’était un corps allongé sur son lit, avec tous les rites qui l’entourent. L’esthétisation de la mort est apparue principalement après le déclin de la pratique religieuse. La beauté n’était pas du tout recherché car on ne cachait pas la mort ». Sans croyance, plus de retrouvailles au paradis. La cérémonie funéraire signe un adieu plutôt qu’un au-revoir et pour la scène finale, tous les artifices sont permis.

Jean-Luc Roset est directeur de la marque de la maison Henri de Borniol à Paris. Il s’agit de la filière « prestige » de l'organisation général des pompes funèbres (OGF). La maison Henri de Borniol notamment organisé l’enterrement de François Mitterrand ou encore de Dalida.

Malgré ses recherches, Anissa n’a rien trouvé qui corresponde à ses attentes. Autour de Perros-Guirec, les entreprises de pompes funèbres ne proposent ni cérémonie d’ampleur ni offres liées à la mer. Elle se résigne donc à se tourner vers des offres plus simples mais de bonne qualité.

Au niveau local, un impératif de qualité

Dans les Côtes-d’Armor, a priori, pas d’extravagance mais une recherche de la qualité et des dépenses optionnelles qui font grimper la facture. Au téléphone, les entreprises spécialisées refusent de s’avancer sur les tarifs. « Cela dépendra de ce que vous souhaitez, des matériaux, je ne peux pas vous dire ». On donne des précisions, on insiste. Elles·eux aussi. Après une dizaine d’appels, nous n’obtenons qu’un seul devis pour des stèles personnalisées. Pourtant, en se rendant sur place, les employé·e·s décrivent aisément les offres : cercueil avec capitons, gerbes de fleurs, achat de caveau, tombes en marbre, porteu·r·se·s, maître·sse de cérémonie, soins de thanatopraxie, parutions dans la presse, avis de décès, habits particuliers… Les client·e·s ont un panel de choix impressionnant. Des classeurs entiers sont remplis de références pour chaque cercueil, urne et plaque de toutes formes et couleurs. Pratiquement tout est personnalisable. Certains choix sont presque naturels. Ici, on se tourne vers des monuments et des pierres tombales en granit rose, moins cher, de proximité et régulièrement utilisé autour de Lannion. Et les prix ? On semble oublier de nous les préciser.

Dans certaines entreprises de pompes funèbres, des formules « tout compris » sont proposées. Les trois tarifs affichés, entre 1.260€ et 4.300€, omettent le prix de la concession, des fleurs, des soins de thanatopraxie et des autres offres complémentaires.

Transfert d’affection sur la cérémonie

Dans des petites villes, les funérailles sont des événements semi-publics. Elles ont lieu au coeur du village et sont souvent annoncées dans la presse locale. Les voisin·e·s, les habitant·e·s et les connaissances des familles jaugent et jugent l’effort mis en avant lors de la cérémonie. Cette scène, à première vue intimiste, devient sujet à discussion dans le cercle familial, amical et communal.

Même avec l’intention de ne pas dépenser beaucoup pour les obsèques d’un·e proche, au moment de compléter le devis, les familles choisissent rarement les produits d’entrée de gamme. Elles refusent d’opter pour du « low cost » dans une situation si particulière. C’est pourquoi très souvent, les funérailles sont simples et non ostentatoires, avec toutefois des choix de cercueils et de stèles solides et durables. « C’est un investissement unique qui représente toute une vie. Même les plus pauvres ne veulent pas d’un enterrement au rabais. Cela ne les représente pas à leur juste valeur », confirme Marie-Frédérique Bacqué, psychologue, spécialiste des traumatismes, de la mort et du deuil.

Ainsi, Solène* a perdu son père il y a 19 ans. Au moment de l’organisation des funérailles, sa mère a pris la majorité des décisions : « Il était important de ne pas choisir un cercueil en pin, jugé trop simple. Un cercueil pas assez cher aurait sûrement dévalorisé le défunt à ses yeux. Le capitonnage était coûteux. Mais il en allait de l’image de mon père ».

Un dévouement de la part des proches qui fait le jeu du business des pompes funèbres : « Plus la famille sera ignorante, plus elle sera manipulable et paiera n’importe quel prix. Pour les pompes funèbres, la stratégie est de faire en sorte que les familles n’aillent pas voir la concurrence pour comparer les tarifs. Au lieu d’effectuer un devis et de laisser réfléchir, ils font signer un bon de commande au plus tôt. Ils font agir dans l’urgence », explique Michel Kawnik, président de l’Association d’information française funéraire (Afif).

La qualité et l’élégance de la cérémonie s’inscrivent comme des marqueurs sociaux, mais servent avant tout à traduire le respect et l’honneur envers le•la défunt•e. Et cela, quitte à débourser des sommes impressionnantes.

*Par respect de l’anonymat de la personne, le prénom a été modifié.

Pour préparer ses funérailles, Anissa doit maintenant établir un devis. Mais que choisir ? Accompagnez-la dans ses démarches et découvrez ainsi le coût d’une mort personnalisée.
Pour établir ce devis, nous avons eu beaucoup de mal à obtenir les tarifs des formules proposées par les différentes sociétés de pompes funèbres. Après avoir essuyé de nombreux refus en nous présentant en tant qu’étudiant·e·s en journalisme, nous avons décidé de nous faire passer pour de potentiel·le·s client·e·s. Les montants ont donc été établis à partir d’une dizaine de devis mais peuvent varier selon les prestations et les entreprises.
Chambre funéraire de l'hôpital (gratuit les trois premiers jours)
Chambre privée
Oui
Non
Religieuse
Civile
Pas de cérémonie
Inhumée
Incinérée
Cercueil en pin massif
Cercueil en sapin plaqué chêne
Cercueil en chêne massif, teinte chêne clair, vernis mat
Urne pour dispertion en carton
Urne résine de bois vernie
Urne en porcelaine
Urne inox travaillé en voile
Lannion
Perros-Guirec
Saint-Michel-en-Grève
Les placer dans un caveau aux côtés de son mari
Les placer dans un colombarium pendant 1 an renouvellable
Les disperser dans le jardin du souvenir
Les disperser ailleurs
Les placer dans un caveau aux côtés de son mari
Les placer dans un colombarium pour 15 ans
Les disperser dans le jardin du souvenir
Les disperser ailleurs
Les placer dans un caveau aux côtés de son mari
Les placer dans un colombarium pour 15 ans
Les disperser dans le jardin du souvenir
Les disperser ailleurs
Cercueil en pin massif
Cercueil en sapin plaqué chêne
Cercueil en chêne massif, teinte chêne clair, vernis mat
Lannion
Perros-Guirec
Saint-Michel-en-Grève
rejoigne la concession de son mari
ait une nouvelle concession en pleine terre
ait une nouvelle concession avec caveau
rejoigne la concession de son mari
ait une nouvelle concession
rejoigne la concession de son mari
ait une nouvelle concession
15 ans
30 ans
50 ans
15 ans
30 ans
50 ans

15 ans
30 ans
60 ans
15 ans
30 ans
60 ans
Pierre tombale clasique grise
Pierre en granit rose, stèle en forme de voilier
Pierre tombale en marbre noir avec structure et colonnes
Ouest-France
Le Télégramme
Libération
Le Monde
Le Figaro
Je ne souhaite pas de parution dans la presse
Corbillard simple
Corbillard et véhicule pour les proches
Trois
Six
Gerbe traditionnelle
Gerbe supérieure
Petit bouquet de roses
Grand bouquet de roses
Je ne souhaite pas de fleurs
Oui
Non

Honoraires, démarches et formalités : 160€

Personnel de mise en bière : 130€



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